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Service d’Accès aux Soins, évitons la fausse note !

Le Mot du Président

Comme un écho au tumulte de la crise sanitaire, le Ségur de la santé a entériné l’urgence de soigner les urgences et le Service d’Accès aux Soins (SAS) a donc été annoncé parmi les 33 mesures prioritaires essaimées le 21 juillet par Olivier Véran, Ministre des Solidarités et de la santé. Sur le papier, la partition du SAS se joue à quatre instruments aux tonalités claires : une régulation médicale de médecine générale 24/7, une régulation médicale d’aide médicale urgente 24/7, la délivrance de conseils médicaux par le médecin de la régulation médicale, l’orientation vers la pharmacie de garde. Or, faciliter l’accès aux soins non programmés se ferait, selon la Direction Générale de l’offre de soins du Ministère des solidarités et de la santé, en partie par le biais d’une… prise de rendez-vous. Une contradiction qui étonne !

L’urgence de soigner les urgences

Alors que patients et soignants se retrouvent confrontés à une programmation continue des soins ces dernières années, que les délais de prise de rendez-vous se comptent en mois, que les professionnels de santé perdent en moyenne 40 mn par jour en raison des rendez-vous non honorés et que la Drees annonce une augmentation inexorable de 3,5% de passages aux urgences chaque année depuis 1996, la régulation des soins non programmés sonne comme une respiration dans l’opéra du soin non urgent. Son déploiement prévu en un temps record à l’échelle nationale, répond à l’urgence du besoin exprimé tambours battants par les acteurs de la santé. Le soin non programmé est pour eux une réalité, la réalité même du soin. Que l’on maîtrise ou non les subtilités du 15, 17, 18, 114, 196, 112, contacter un service d’urgence, c’est ressentir l’urgence du soin. Bien évidemment, cette notion est aussi subjective que perfectible, et nous savons que nombre d’appels aux services de secours relèvent davantage de la réassurance que de l’urgence vitale. Cependant, comment reprocher à une personne sans connaissance médicale et sans contact personnel avec un professionnel de santé, de chercher de l’information ailleurs que via Dr Google ?   La création du SAS offre donc un premier niveau de réponse. Il aura pour vocation d’orchestrer, dès la fin de l’année, la prise en charge des soins non programmés non urgents, dans le but de désengorger les services d’urgences. Or, la première fausse note du SAS s’est insidieusement introduite dans le Ségur de la santé.

Avec le SAS, est-on certain d’aller véritablement dans le bon sens ?

En quelques semaines, et avec un prisme très (trop ?) hospitalo-centré, les participants ont dessiné le devenir du soin, qui doit répondre aux besoins des patients et aux attentes des soignants.   Pourtant, dans sa mesure 26, « Concrétiser le Service d’accès aux Soins », est apparu un parfait oxymore relatif au déploiement d’une plateforme numérique pour faciliter l’accès aux soins non programmés… sur rendez-vous.   On peut dès lors être inquiet de la partition proposée. Quel patient pourrait comprendre que sa demande, objectivement ou subjectivement urgente, est traitée par une proposition de rendez-vous 48h après son contact avec les services de secours ?   Aussi, loin de revendiquer l’omniscience en matière de santé, il me semble essentiel de rappeler que la réponse au non programmé, autrement dit “sans rendez-vous”, rassemble un ensemble d’instruments à accorder :

Quelques pistes pour répondre aux enjeux du SAS

La réponse à la demande de soins non programmés doit être aussi facile qu’un coup de téléphone pour lutter contre l’illectronisme et les zones blanches, qui excluent 20% de la population… Elle doit également permettre aux populations les plus fragiles un accès aux SAS à l’aide des paramédicaux.   L’accélération nécessaire de la refonte des urgences ne doit faire succomber notre volonté collégiale bien-pensante au chant des sirènes de la solution miracle du soin sur rendez-vous.   S’il doit sonner le glas de la dissonance entre notre système de santé et les soins non programmés, le SAS a un devoir d’instantanéité de la réponse médicale, pour replacer le patient au cœur du dispositif. Il n’est donc pas question de re-programmer le soin non programmé… au risque d’engorger une nouvelle fois les services d’urgence.

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