Quel doit être l’objectif premier de la télémédecine ? Contribuer à l’approche populationnelle des parcours de soins sur les territoires, pour améliorer la prise en charge des patients et les conditions de travail des soignants. Ceci étant dit, qui doit faire des efforts : les patients, les médecins, les opérateurs de santé numérique, le législateur ? Tous les acteurs du soins…
Vous êtes patient(e)… nous le sommes tous(tes) ! Pour maintenir une prise en charge de qualité, protégez votre parcours de soins. Stop à la médecine “fast food” et gare à la consommation du temps médical. Bloquer un rendez-vous avec un médecin, en physique ou à distance, pour lui demander une boîte de médicaments pourtant en libre accès, coûte trop cher au système de soins !
Vous êtes médecin ? Attention à ne pas vous laisser tenter par la médecine exclusivement digitale pour de simples considérations de rentabilité. Tous les actes médicaux ne sont pas adaptés à la télémédecine, qui ne pourra jamais remplacer l’examen clinique et le besoin d’un échange en présentiel pour certains patients. En revanche lorsque l’Ordre des médecins écrit un rapport sur le mésusage de la téléconsultation, s’il a raison d’en souligner les risques, il devrait également contribuer à faire la promotion des bons usages de la télémédecine, comme la Haute Autorité de Santé ! Est-il pertinent de se limiter à freiner les médecins qui souhaitent contribuer au développement de la télémédecine ? Ne faut-il pas définir un cadre de bonnes pratiques et enjoindre les législateurs à renforcer la réglementation autour des usages si nécessaire ?
Vous êtes opérateur de santé numérique ? Mesurez l’impact pour le secteur, de la promotion d’un distributeur d’ordonnances ou d’arrêts maladies, à la seule fin de “capter du patient” pour lui faire “consommer” du médical sans réelle valeur ajoutée. Les considérations économiques à court terme ou la faiblesse de certains business models ne doivent pas faire oublier que nous évoluons dans le monde de la santé. La santé n’est pas un bien de consommation comme les autres !
Quid du législateur ? La crise Covid a démontré tout l’intérêt de la télémédecine et on ne peut plus se contenter de débats où tout le monde est juste “contre” : le sujet nécessite aujourd’hui tact et mesure. On ne peut plus crier haro sur le numérique et sombrer dans la caricature où d’aucuns souhaitaient imposer à tous, dans un contexte de pénurie médicale, la pratique d’une téléconsultation avec 2 professionnels de santé, le premier accompagnant le patient à un bout et le second réalisant l’acte à l’autre bout… d’autant que le patient donne son consentement sur cette pratique et ne peut se voir imposer une téléconsultation plutôt qu’une consultation.
Quel rôle pour l’État et la CNAM ? Il est primordial ! Les récentes allocutions du Président de la République, des ministres et du Directeur général de la CNAM, démontrent la prise de conscience collective face à notre modèle de santé en souffrance. Il y a des choix forts à réaliser et vite !
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Envers les patients : il est temps de promouvoir la prévention, en créant des campagnes ou en reprenant les slogans qui ont marqué toute une génération : “les antibiotiques, c’est pas automatique” ou “la sécu c’est bien, en abuser ça craint”. Soyons vigilants, ne mettons pas à genoux notre système de santé à l’ambition égalitaire, par l’addition de petits abus et autres niches de soins.
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Envers les médecins : ils peuvent accompagner le mouvement en élaborant des protocoles, en déterminant les bonnes pratiques de la télémédecine et en s’impliquant dans la coordination des organisations territoriales.
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Envers les opérateurs de soins numériques : il faut mettre fin aux modèles économiques tournés vers le consumérisme médical (certes en vigueur dans la culture anglo-saxonne) et proposer un système centré sur la qualité et l’évaluation du soin, en rémunérant le plateau technique d’une part (la plateforme technique, l’organisation des soins…) et l’acte intellectuel d’autre part.
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Envers le législateur : il est urgent d’améliorer la pédagogie et la formation des représentants, pour qu’ils appréhendent les enjeux de la télémédecine. La comparaison des pratiques/modèles dans le monde leur permettrait alors de contribuer au développement d’une télémédecine “à la française”, en s’appuyant sur l’expertise des acteurs nationaux.
C’est ensemble que nous réussirons à développer une télémédecine éthique et responsable, créant ainsi un véritable apport médical populationnel et répondant au pacte social.
Président chez Medaviz. Auditeur de formation, Guillaume est passé par Deloitte avant de s’associer dans un grand cabinet d’expertise comptable de l’ouest. Il lance Medaviz en 2014 pour révolutionner la télémédecine.