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PLFSS 2023 et fin du remboursement à 100 % de la téléconsultation

5 questions à Guillaume Lesdos, Président de Medaviz

Plusieurs mois après le pic (supposé) de la pandémie de Covid, l’e-santé revient sur le devant de la scène médiatique…là où on ne l’attendait pas. Après deux années de glorification de la nouvelle pratique à distance et de dérogations octroyées en urgence pour endiguer la crise sanitaire, le Gouvernement souhaite encadrer les nouvelles pratiques de télémédecine. 

Respect du parcours de soin et maîtrise du budget sont donc au cœur du PLFSS 2023, qui impacte la filière avant même sa promulgation.

Guillaume Lesdos, Président de Medaviz, éditeur de solutions numériques pour les acteurs de la santé, décrypte cette actualité.  

1) La prévention est la mesure phare du PLFSS 2023, quelle sera la place de l’e-santé dans ce “virage préventif” ? 

L’e-santé offre de nombreuses possibilités. Bien évidemment, la téléconsultation ne peut pas remplacer la promesse des 3 examens cliniques proposés vers 20, 40 et 60 ans, qui seront intégralement pris en charge. Sur le terrain, nous voyons cependant que les organisations territoriales de santé, telles que les CPTS (Communautés Territoriales Professionnelles de Santé) déploient des parcours dédiés à la prévention : autour du diabète, de l’insuffisance cardiaque, des addictions, etc. L’e-santé a toute sa place dans cette mission en promouvant des outils pour fluidifier la prise en charge des patients. Ces dispositifs peuvent être une porte d’entrée vers le parcours de soins pour les 10 % de Français qui n’ont pas de médecin traitant. En effet, un accès facilité aux soins pour tous et une prise en charge immédiate sont les clés de la prévention.

2) A-t-elle aussi un rôle à jouer dans le volet d’amélioration de l’accès à la santé ?

L’e-santé devient une solution pour l’accès aux soins dès lors que des parcours sont protocolisés et qu’ils permettent la coordination des professionnels de santé à l’échelle d’un bassin de vie, qui peut être un arrondissement de Paris comme une vallée des Pyrénées. Nous savons que les praticiens débordent de patients et qu’ils manquent de temps. Permettre aux médecins d’échanger des informations et des diagnostics sur des espaces sécurisés, sans se déplacer, constitue un réel gain de temps dans leur pratique. Des groupes de médecins spécialistes se créent au sein d’ESS (Équipes de Soins Spécialisés) pour que les médecins généralistes puissent orienter sans délai leurs patients, notamment via la téléexpertise. Les solutions de télémédecine facilitent cette coopération et c’est tout le système de santé qui devient plus performant grâce aux nouvelles technologies.

3) Un autre objectif concerne le bien vieillir, l’e-santé peut-elle répondre aux enjeux de la silver économie ?

Il y a beaucoup d’enjeux et beaucoup d’acteurs dans ce secteur, notamment dans le bien-être ou le maintien à domicile. Ne nous méprenons pas, les seniors ont une appétence grandissante pour les nouvelles technologies et deviennent des usagers à part entière. La télésurveillance, qui permet le relevé de constantes des patients à domicile, s’intègre donc parfaitement à ce volet du PLFSS, tout comme les objets connectés qui, bien employés, assurent des remontées de constantes fiables pendant les téléconsultations augmentées. Et parce que rien ne remplace le geste et la connaissance des professionnels de santé, la téléconsultation assistée (lorsqu’un patient est accompagné d’un infirmier par exemple) mise en place dans les EHPAD ou lors d’un suivi à domicile est une solution de plus pour limiter les déplacements des patients et des médecins, tout en garantissant un acte médical qualifié.

4) Il est également question de lutter contre la fraude sociale dans ce PLFSS et les acteurs de la télésanté sont pointés du doigt. Que pensez-vous des conditions limitatives concernant les arrêts de travail en téléconsultation ?

Le médecin traitant étant le garant du parcours de soins du patient, il semble cohérent que celui-ci soit le référent lorsqu’il s’agit de prescrire un arrêt de travail. Les patients qui ne bénéficient pas du suivi d’un médecin traitant doivent cependant eux-aussi être pris en charge. Il y aura certainement des protocoles à mettre en place avec les CPTS et les SAS (Services d’Accès aux Soins) pour permettre, le cas échéant, d’accompagner ces patients.

5) Actualité connexe au PLFSS, la fin du remboursement à 100 % de la téléconsultation va-t-elle affecter le secteur de l’e-santé ?  

C’est évident. Il y a eu, comme dans tous les marchés, des effets d’aubaine liés à la crise sanitaire. Certains business models ont été développés sur cette seule bulle réglementaire. La fin de la prise en charge des téléconsultations à 100 % hors parcours de soins remet l’église au milieu du village. La télémédecine doit rapprocher le patient de son parcours de soins et des structures de soins de son territoire. Définir le cadre des prises en charge est l’outil permettant d’éviter le consumérisme médical hors sol, tout en apportant des solutions pragmatiques aux patients sans accès médical de proximité.

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