Si la demande de soins augmente ces dernières années, le nombre de médecins diminue, avec un temps de travail de plus en plus contraint par les tâches administratives. Ce n’est donc pas un hasard si les services d’urgences font face à un afflux de patients important et sont dépassés par la demande de soins non programmés.
Pourtant, des dispositifs existent pour faire face à ces demandes, en particulier avec l’appui des CPTS.
Note
Des centres de SNP gérés par des médecins et des professionnels de santé sur le territoire ouvrent afin d’apporter une réponse à ces enjeux, notamment via la coordination. La prise en charge des patients par les généralistes et les spécialistes au sein d’une structure doit améliorer l’offre médicale, limiter les demandes de SNP et désengorger les centres d’urgences. Une solution de soin sur le territoire est un projet dans lequel chaque partie prenante a tout à gagner. La prise en charge des patients dans les urgences de l’hôpital par des médecins faisant face à un problème de place doit conduire à plus de coordination des professionnels de santé et à une meilleure organisation des SNP.
De nombreux patients sans médecin traitant
D’après l’Assurance maladie, près de 5,4 millions de patients étaient sans médecin traitant en 2019. Entre les zones à faible densité médicale, les difficultés à se déplacer ou à trouver un nouveau médecin après un déménagement, de nombreux patients renoncent à leurs soins.
Ainsi, plus de 20 % des patients déclarent venir aux urgences par défaut, c’est-à-dire en l’absence d’autre solution(1). Quand on sait que seuls 10 % des consultations aux urgences relèvent de cas graves et 40 % de petite traumatologie, le reste des entrées pourrait être pris en charge autrement(2).
L’éducation du patient est aussi pointée du doigt. Cependant, pour l’aider à mieux discerner un réel besoin d’urgence d’un besoin de soins programmées, il est encore question de temps médical, qui n’est pas toujours accessible.
Quels sont les dispositifs existants de soins non programmés ?
Comme dans d’autres pays, la France est confrontée à une hausse ininterrompue de la fréquentation des services d’urgences depuis 20 ans (3,5 % en moyenne chaque année). Sur les 20,3 millions de consultations effectuées chaque année, le Ministère de la santé a évalué que 8,7 millions – soit 43 % – pourraient être traitées par la médecine ambulatoire.
Si les structures de prise en charge des soins non programmés existent, elles sont très disparates, tant en ville qu’à l’hôpital, avec des organisations de nature, de répartition territoriale et d’efficacité très différentes : environ 12 % du total des consultations annuelles sont portés par l’exercice libéral traditionnel, concernant deux fois plus les enfants et les jeunes adultes que les personnes âgées, avec des pics en fin de matinée et fin d’après-midi.
Viennent ensuite les Maisons de santé pluriprofessionnelles avec leur exercice coordonné, les Centres de santé (encore trop inégalement répartis sur le territoire), la présence de SOS médecin (surtout dans les grandes agglomérations), certaines Maisons médicales de garde qui ouvrent également en journée, les cliniques privées qui disposent de services d’urgences et de services de soins non programmés, les hôpitaux de proximité, et les centres de soins non programmés.
Quel rôle peuvent jouer les CPTS ?
Les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), dont le déploiement est prévu par le plan Ma santé 2022, doivent répondre à trois missions socles, dont l’amélioration de l’accès aux soins en facilitant l’accès à un médecin traitant et en améliorant la prise en charge des soins non programmés en ville. L’idée est que chaque territoire puisse organiser les soins primaires avec les outils dont il dispose, en particulier la téléconsultation, tout en proposant une forme d’entraide pour les confrères les plus isolés (villes et zones rurales).
L’organisation de créneaux pour les soins non programmés, avec une option de téléconsultation, a pour but non seulement de répondre à la demande, mais aussi d’intégrer ou de réintégrer le patient dans son parcours de soins. Chaque praticien peut ainsi se mettre à disposition quelques heures par semaine pour commencer, dans le cadre d’un dispositif souple et hors sol, en fonction des besoins et de l’organisation de chacun.(3)
Note
La gestion d’un centre de SNP doit inclure les médecins libéraux du territoire en proposant une solution à leur problème de disponibilité. Des outils de coordination existent et peuvent apporter une réponse de qualité. Des outils de coordination existent et peuvent apporter une réponse médicale de qualité aux demandes de soin. La médecine de ville et l’hôpital doivent ensemble redonner une place telle qu’attendue par le patient, pour qu’il s’engage dans son parcours de soins avec les professionnels de santé. Les médecins généralistes et les médecins spécialistes peuvent ainsi s’appuyer sur un service de téléconsultation médicale pour optimiser leur coordination.
Sources :
- DREES. Urgences : la moitié des patients restent moins de deux heures, hormis ceux maintenus en observation. Etudes et résultats n°889. Juillet 2014.
- Rapport sur la territorialisation des Urgences. Docteur Jean-Yves GRALL, Directeur général de l’Agence Régionale de Santé du Nord Pas de Calais. Juillet 2015. Disponible sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/2015-07-06_Rapport-Territorialisation_des_Urgences.pdf
- Assurer le premier accès aux soins : Organiser les soins non programmés dans les territoires. Rapport de Thomas Mesnier, Député de Charente. Mai 2018. Disponible sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_snp_vf.pdf
Psychiatre-addictologue, diplômée en victimologie. Après des études à l’université de Besançon, Claire se passionne pour les nouvelles technologies et se lance dans la télémédecine et le journalisme médical en 2015. Elle collabore avec Medaviz depuis ses premiers pas.
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