Le 31 mai 2022, le Président de la République Emmanuel Macron, annonçait le lancement d’une mission flash portée par les professionnels de santé, afin de présenter des mesures concrètes pour désengorger les services d’urgences. Piloté par le Dr François Braun, Président de SAMU-Urgences de France, le groupe de travail devrait proposer cette semaine, entre autres outils, le déploiement de cabines de télémédecine dans les services d’urgences pour optimiser l’orientation des patients. Quelle peut être leur contribution dans le cadre de la crise estivale qui s’annonce ? Quels autres dispositifs ont démontré leur efficacité ?
Les solutions de soin à distance ont prouvé leur utilité depuis le début de la crise sanitaire, sans jamais être en mesure de remplacer l’examen clinique. Alors que le parcours de soins se veut et se conçoit au temps du phygital, les cabines de télémédecine peuvent apporter une partie de la réponse à la cristallisation de la crise des urgences. La solution unique et magique n’existe pas, mais la généralisation de pratiques à succès permettra de répondre à la situation actuelle, tout en construisant l’accès aux soins de demain.
Pourquoi recourir aux cabines de téléconsultation ?
Dans les grandes lignes, ces dispositifs permettent aux professionnels de santé d’assister un patient dans le cadre d’un acte de consultation médicale à distance avec un médecin. Le principal avantage des cabines de téléconsultation reste la possibilité de réaliser une consultation augmentée, grâce aux différents appareils médicaux connectés qu’elle propose, selon le fabricant. Tensiomètre, thermomètre, otoscope, saturomètre etc. elles permettent au patient ou au professionnel de santé qui l’accompagne, de fournir des constantes précises et instantanées au médecin exerçant à distance.
Cet outil connaît cependant quelques limites dans son usage, selon la protocolisation ou la non protocolisation du parcours de soins du patient. En effet, quid de l’intégration du patient dans le parcours de soins coordonnés après cette consultation dans une cabine de télémédecine ? Il existe un risque de rupture de ce parcours, si un médecin installé à Lille ou à l’étranger prend en charge un patient de Marseille.
Le recours à un médecin hors-sol peut être une solution de secours, comme l’a été la prise en charge des actes effectués par téléphone et hors parcours de soins au pic de la crise Covid.
Néanmoins, une systématisation de la pratique risque d’aggraver la désertification médicale auxquels certains territoires sont confrontés. Les cabines de télémédecine demeurent un simple outil qui n’apporte pas en soi une réponse au manque de ressource médicale. Dans l’intérêt de la sécurité du parcours du patient, il doit s’inscrire dans le parcours de soins coordonnés.
L’e-santé offre-t-elle d’autres solutions pour désengorger les urgences ?
Il n’existe pas de solution universelle pour répondre à l’ensemble des situations sur le territoire. Les cabines apportent une partie de la réponse, mais d’autres dispositifs ont déjà fait leurs preuves.
Les urgences pédiatriques d’un établissement des Yvelines ont déployé la téléconsultation assistée pendant l’hiver en s’appuyant sur des médecins généralistes du département. À la suite de l’évaluation par un infirmier d’orientation, l’enfant était orienté le cas échéant vers une pièce dédiée, pris en charge par un aide-soignant et accompagné dans une téléconsultation augmentée de la remontée de constante, via des objets connectés. Ce parcours simple, tant pour l’établissement que pour les patients, a permis de désengorger les salles d’attente combles pendant la double épidémie de Covid et de bronchiolites.
Le suivi en téléconsultation à J+1 post-urgences pratiqué par un établissement de Lille a ramené le taux d’hospitalisation à 72 heures, de 25% pour les patients en parcours classique à 6,2% pour les patients suivis à distance. Ce parcours est également simple à mettre en place et maintient le patient dans un environnement familier et rassurant dès lors que son état de santé le permet, quand l’attente ou la surveillance aux urgences sont considérées comme particulièrement stressantes.
Dans le quart Sud Est, des parcours sont mis en place en prévision du Service d’Accès aux Soins (SAS), grâce à la mobilisation des médecins d’une CPTS. Ils s’organisent pour ouvrir des créneaux au centre 15 afin de recevoir des patients en présentiel sous 72h. La coordination ville-hôpital, permet ici encore de participer efficacement au désengorgement des services d’urgences du territoire, une véritable opportunité alors que le temps médical fait défaut.
Préparer demain avec le phygital
La crise actuelle n’est que le symptôme de l’enjeu plus global de l’accès aux soins et de la gestion des soins non programmés (ou sans rendez-vous) en France. La prise en charge de demain doit utiliser chaque média disponible de façon efficace et cette période de crise doit accélérer l’émergence d’un nouveau modèle de soins, trouvant le juste équilibre entre le présentiel et le distanciel.
La première solution serait de mettre en place des filtres en téléconsultation légère, qui ne nécessite pas de matériel spécifique et peut être réalisée avec un smartphone. Une fois les situations d’urgences prises en charge par le Service d’Accès aux Soins (SAS), les patients sont orientés en téléconsultation ou en présentiel vers les médecins du territoire.
Une autre alternative aux cabines de téléconsultation, plus mobile et économique, permet à un patient ou un professionnel de santé (et en particulier les infirmiers) de se déplacer au domicile du patient équipé d’un appareil tout en un pour réaliser une téléconsultation augmentée.
Pour ces autres opportunités de l’e-santé, il sera également question d’emplacement disponible, de choix stratégiques des centres hospitaliers ou des services d’urgences et de protocolisation des parcours de soins. Les solutions existent, il revient aux acteurs de la santé de s’en emparer judicieusement.
Medaviz vous accompagne
- Créez votre compte Medaviz gratuitement
- Bénéficiez d’une formation par notre équipe
- Intégrez la téléconsultation médicale dans votre quotidien
Président chez Medaviz. Auditeur de formation, Guillaume est passé par Deloitte avant de s’associer dans un grand cabinet d’expertise comptable de l’ouest. Il lance Medaviz en 2014 pour révolutionner la télémédecine.