La Solitaire du Figaro a réuni 35 participants pour sa 51ème édition en 2020, des athlètes accompagnés cette année par le Dr Damien Rousseau, urgentiste, navigateur et médecin habilité par la Fédération Française de Voile. Préparation de l’épreuve, pathologies des skippers et téléconsultation, le médecin référent de la course dévoile les coulisses du suivi médical.
Comment préparez-vous cette course professionnelle comptant pour le Championnat de France Élite de Course au Large ?
Dr Damien Rousseau : Chaque épreuve est différente. Concernant la Solitaire du Figaro mon rôle a consisté à être le médecin référent de la course. Il s’agissait alors de récupérer les dossiers médicaux en amont du départ et de valider (ou non) les coureurs à prendre le départ. Les valider, c’est avant tout veiller à préserver leur santé et aussi et limiter le risque de déclencher les secours, raison pour laquelle tous les dossiers passent par le médecin référent. La Solitaire du Figaro rassemble uniquement des marins professionnels, qui bénéficient d’une vraie montée en puissance de leur préparation mentale et physique. Ils sont suivis et arrivent en condition. Sur d’autres courses comme la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, il y a aussi des amateurs. On avait alors développé un volet formation, pour les prévenir de ce qui peut leur arriver avec les aléas de la compétition.
Quelles sont les principales pathologies auxquelles l’équipe médicale est confrontée ?
Dr Damien Rousseau : En mer, on voit évidemment beaucoup de naupathie (mal de mer) de même que beaucoup de traumato (plaie, entorse fracture et même traumatisme crânien) ! À cela il faut rajouter d’autres pathologies : irritation, infection, macération. Sur la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, et aussi surprenant que cela puisse paraître, on a eu beaucoup de neuro avec des compressions nerveuses périphériques (manchons étanches des cirés). Le tout dans un contexte de dette importante de sommeil (laquelle a un impact direct sur le raisonnement, le discernement et la prise de décision) et de « malbouffe » / déshydratation quasi permanente : on est en effet bien loin d’une bonne choucroute au coin d’un feu mais plutôt dans une ambiance froid, humidité et quelque part un peu survie.
Enfin à leur retour, ils doivent aussi gérer le mal de terre.
Quel est le rôle de la téléconsultation pendant la course ?
Dr Damien Rousseau : En course, c’est notre outil principal ! Cela peut être par téléphone satellite ou éventuellement par VHF. En effet, le médecin de course embarque sur l’un des 3 bateaux accompagnateurs de la course pour être au plus près des marins en mer et parer à toutes les éventualités.
Concernant les moyens de secours à un coureur en difficultés, il faut en premier lieu compter sur l’intervention d’un concurrent à proximité. C’est en effet souvent le premier vecteur à pouvoir être sur zone rapidement. C’est encore plus vrai sur une course comme le Figaro ou tout les bateaux sont identiques et se déplacent globalement à la même vitesse. Quoi qu’il en soit, si la situation se complique il faut se rappeler que sur le Figaro, classé course au large de niveau RSO 2, les coureurs restent malgré tout assez peu éloignés des côtes et en tout cas à portée d’hélicoptères (français comme britannique) si besoin.
Entre ces deux situations, le bateau accompagnateur sur lequel se trouve le médecin de course peut se projeter à proximité immédiate du bateau en difficulté, afin que le médecin monte à bord pour évaluer la situation sanitaire du marin.
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Nicolas démarre sa carrière professionnelle dans une grande startup parisienne et complète sa formation avec un Master II à l’Université de Bourgogne. Aguerri aux outils digitaux et aux techniques du web, il rejoint Medaviz en 2020 pour accélérer le développement de la télémédecine en France.