La télémédecine s’est ancrée dans la pratique médicale depuis 2020, propulsée par la crise sanitaire et les 20 millions d’actes de téléconsultation remboursés par l’Assurance Maladie. Aujourd’hui, la coordination des soins et l’accès aux soins sont les autres enjeux de santé auxquels elle peut répondre. Stéphanie Hervier, Directrice Générale de Medaviz, apporte un éclairage inédit sur le positionnement de l’entreprise face aux défis de l’e-santé.
Mercredi 30 juin, elle répondait aux questions des auditeurs lors du Medaviz Live consacré à l’histoire et aux perspectives de Medaviz.
Quelle est la vision de Medaviz ?
Depuis 2014, notre métier est l’organisation et la coordination des soins, en recourant à la télémédecine pour faciliter l’accès aux soins.
Nous portons une vision de “cercles concentriques”, dont le patient reste au centre. Son premier réflexe doit être de contacter son médecin à proximité. Si celui-ci n’est pas disponible, le patient peut contacter un praticien joignable sur son territoire, par l’intermédiaire d’une organisation territoriale de santé (type CPTS : Communauté professionnelle territoriale). S’il a besoin d’un spécialiste avec une compétence particulière, il faut élargir le cercle pour qu’il accède à cette expertise. Enfin, le dernier de ces cercles est celui des complémentaires santé, qui apportent des services de réassurance médicale au patient, en dehors des horaires d’ouverture des cabinets ou lorsque les territoires ne sont pas organisés. Notre objectif global est d’apporter la réponse médicale au plus près du patient.
La télémédecine doit rester un pont vers la médecine physique : rien ne remplacera jamais la complexité et la complétude d’un acte en présentiel. Mais elle peut apporter un complément, voire faciliter une mise en relation dans certains cas, toujours dans le but de servir le parcours de soins et de ramener à la médecine de ville.
La solution Medaviz est-elle bien sécurisée ?
Au lancement de notre activité fin 2014, avant l’avenant 6 qui a entériné la prise en charge des actes de téléconsultation dans le cadre du parcours de soins, nous proposions des parcours privés sous contrat ARS (Agence Régionale de Santé). L’une des exigences était bien évidemment la sécurité des données et depuis nos débuts, l’hébergement est confié à un hébergeur agréé HDS. Nous avons également mis en place un processus respectant la RGPD, pour la sécurisation et la confidentialité des données, ainsi qu’un protocole de suppression des données pour répondre à toutes les demandes des utilisateurs.
Pourquoi la solution Medaviz est-elle gratuite pour les praticiens libéraux ?
Nous avons fait le choix de laisser nos outils de téléconsultation, de téléexpertise et de télésoin gratuits pour les praticiens en exercice individuel. En effet, nous estimons que la valeur ne tient pas dans l’outil mais dans l’organisation et la coordination des soins.
À titre d’illustration, en 2020, plusieurs millions d’actes de téléconsultation ont été pris en charge par l’Assurance Maladie. Les deux tiers d’entre eux ont été réalisés par des outils de visioconférence grand public, de type WhatsApp, Facetime, Skype, etc. Certes, ces solutions ne proposent pas d’hébergement des données de santé. Elles ne permettent pas de partager des documents de manière sécurisée, de facturer ou d’encaisser un acte. Mais dans les faits et la pratique, un médecin peut trouver plus simple de lancer un WhatsApp vidéo avec ses patients.
Pour nous la valeur n’est donc pas dans l’outil, mais bien dans l’organisation et la coordination des soins : qu’il s’agisse d’aider des médecins généralistes à s’organiser dans le cadre d’une CPTS, ou de structurer un pôle d’expertise pour faciliter l’adressage des médecins généralistes vers les médecins spécialistes d’un territoire.
Comment la télémédecine peut-elle s’intégrer dans les établissements de santé ?
Il y a beaucoup de façons d’utiliser la télémédecine pour un établissement de santé. Le premier exemple est celui de l’un de nos partenaires, le groupe Ramsay Santé. Ils nous ont sollicités dès 2019 car ils souhaitaient proposer une solution de téléconsultation aux praticiens exerçant dans leurs établissements. L’enjeu était alors de poursuivre et accélérer le chemin de la digitalisation des services et outils.
Un autre exemple est celui des établissements médico-sociaux, tels que les EHPAD. Les patients peuvent être accompagnés par un infirmier, lors d’une téléconsultation assistée avec leur médecin traitant.
Un dernier exemple est celui de notre offre “Medaviz Adresseurs” : un groupe de spécialistes peut décider d’organiser ses disponibilités et ouvrir une ligne dédiée aux médecins du territoire, facilitant ainsi l’adressage physique des patients.
Quel rôle peut jouer la télémédecine dans les zones sous-dotées en ressource médicale ?
Elle a plusieurs rôles à jouer, notamment dans le cadre des CPTS. La télémédecine permet en effet la mise en relation à distance entre patients et médecins qui se sont organisés sur un territoire.
Un autre exemple, que nous expérimentons actuellement dans le cadre du Medaviz Lab, est celui des zones sous-dotées. Il permet de mettre en relation des patients avec des médecins un peu plus éloignés de leur lieu de vie, en attendant que le territoire dispose de la ressource nécessaire pour s’organiser et apporter une réponse locale à la demande des patients. Nous apportons dans ce cadre une attention toute particulière à la protocolisation de la prise en charge.
Qui sont les partenaires financiers de Medaviz ?
Medaviz a été financé en fonds propres par ses fondateurs à sa création en 2014.
Nous avons ensuite eu l’occasion de réaliser deux levées de fonds : l’une en 2017, l’autre en 2020. La première levée a été opérée auprès de business angels et d’un fonds d’investissement breton, puisque nous sommes basés à Vannes dans le Morbihan.
La deuxième levée a été l’occasion d’accueillir à notre capital le groupe Ramsay Santé, MBA mutuelle, Groupama Loire-Bretagne et la Matmut.
Aujourd’hui, Medaviz est toujours détenu majoritairement par ses fondateurs.
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Directrice communication et affaires publiques & entraîneur sportif. Après un Master II en Géopolitique des enjeux frontaliers, Emilie oriente son parcours vers la communication institutionnelle et le marketing. Experte en stratégie et gestion de crises, elle rejoint Medaviz en 2019.