Dans son rapport intitulé “Le non-recours aux prestations sociales” publié en juin 2020, la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) du Ministère des Solidarités et de la santé, dépeint les multiples causes du renoncement aux soins et consacre, de facto, une partie de son étude aux déserts médicaux, un réel enjeu pour la télémédecine.
Le non-recours aux soins, une question nationale
Pour rappel, l’Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore) estime que le “non-recours aux soins” renvoie « (…) à toute personne qui ne reçoit pas – quelle qu’en soit la raison – une prestation ou un service auquel elle pourrait prétendre ». La DREES considère par ailleurs que, le manque d’information, le coût et la complexité d’accès, ou encore les barrières sociales, sont les principales causes de renoncement aux soins actuellement identifiées.
En dépit de son suivi depuis 2012 et le premier rapport sur la pauvreté en France, le renoncement aux soins est difficilement quantifiable. La DREES et ses partenaires prévoient ainsi la mise en place d’indicateurs d’évaluation à l’horizon 2021. Cependant, des tendances se dessinent, y compris dans l’opinion publique. Selon le baromètre d’opinion de la DREES : “ (…) près des trois quarts des Français considèrent que beaucoup de personnes n’ont pas recours aux droits auxquels ils peuvent prétendre”. Qu’ils soient ressentis ou avérés, certains freins du recours aux soins ont pu accélérer le déploiement de la télémédecine pour les praticiens libéraux et les structures territoriales, telles que les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS).
La téléconsultation pour faciliter le recours aux soins
Annoncée comme l’une des solutions pour faciliter l’accès aux soins dès sa prise en charge par l’Assurance Maladie en septembre 2018, la téléconsultation a connu des débuts discrets. Au besoin de s’adapter à cette nouvelle pratique pour les médecins, s’est ajouté le faible relai de cette nouvelle offre médicale auprès des patients.
En 2020, la crise sanitaire du Covid-19 a bouleversé les usages de la télémédecine, son efficacité dans l’application des gestes barrières ayant largement été relayée par les médias. Désormais utilisée quotidiennement par les praticiens (ndlr : 4,6 millions de téléconsultations ont été réalisées au total selon l’Assurance Maladie, dont 60 000 de septembre 2018 à septembre 2019), la télémédecine est connue et appréciée par le grand public pour ses nombreux aspects pratiques.
Par-delà son appropriation, qui rapproche les patients du parcours de soins, la télémédecine représente une réelle opportunité pour maintenir l’offre de soins dans les déserts médicaux. Distanciation géographique, départs à la retraite, inadéquation de l’offre et de la demande, les déserts médicaux existent sous de nombreuses formes. Leurs origines comme leurs modes de gestion restent ainsi propres à chaque territoire. Sans pouvoir résoudre le sujet de l’augmentation du nombre de praticiens, la téléconsultation permet l’optimisation de leur temps de travail, ainsi que celui des patients, en s’affranchissant des barrières géographiques. Et lorsqu’elle est structurée à l’échelle territoriale, notamment grâce aux CPTS, la télémédecine répond à un véritable enjeu de santé publique en orchestrant le soin non-programmé.
En intégrant ou en réintégrant le patient au parcours de soins coordonné, la télémédecine permet de lutter contre les situations de “renoncement-barrière” évoquées dans le rapport de la DREES : la “répartition géographique et la densité de l’offre de soins”, ainsi que certaines “contraintes individuelles”.
Directrice communication et affaires publiques & entraîneur sportif. Après un Master II en Géopolitique des enjeux frontaliers, Emilie oriente son parcours vers la communication institutionnelle et le marketing. Experte en stratégie et gestion de crises, elle rejoint Medaviz en 2019.