Environ 1 personne sur 4, âgée de 15 à 75 ans, déclare fumer du tabac quotidiennement en 2017, mais 6 fumeurs sur 10 souhaitent arrêter. Aujourd’hui, de nombreux acteurs se mobilisent pour les aider et multiplient leurs actions lors du mois sans tabac. En effet, avec plus de 73 000 décès par an, le tabac est la première cause de mortalité évitable.
L’accompagnement par un professionnel de santé est recommandé en premier lieu par la Haute Autorité de Santé (HAS), encore faut-il y avoir accès. Pour de nombreux fumeurs, la téléconsultation et la téléexpertise sont des solutions incontournables.
La télémédecine, une pratique usuelle dans l’aide au sevrage tabagique
Si l’essor de la télémédecine est important ces dernières années, mettre en place une aide à distance pour aider les fumeurs à arrêter existe depuis bien plus longtemps. Sur tous les accès téléphoniques existant dans de nombreux pays à travers le monde, la France est l’une des pionnières en la matière, en ayant créé dès 1998 la ligne téléphonique “Tabac info service” (39 89), destinée à l’accompagnement personnalisé des fumeurs.
Environ 60 000 appels sont enregistrés chaque année sur cette ligne, où les fumeurs ont accès à plus de 40 tabacologues répartis sur le territoire national. En général, un premier rendez-vous de 25 minutes permet de réaliser un bilan de la situation, puis de proposer 4 sessions de suivi d’une dizaine de minutes, pour accompagner le patient au cours des 6 premières semaines d’arrêt du tabac.
D’après Direct Medica, qui gère Tabac info service, le taux de sevrage est de 25 % chez les fumeurs ayant fait appel à la plateforme, plaçant ainsi la France dans le top 3 des lignes d’appel dans le monde avec la Californie et le Minnesota. Ces résultats sont très encourageants, mais ils ont cependant une limite. En effet, il n’est pas possible pour ces tabacologues de prescrire des substituts nicotiniques sur ordonnance.
L’apport de la téléconsultation et de la téléexpertise
Si la téléconsultation met directement en lien le patient avec le médecin, la téléexpertise permet à un professionnel de santé de solliciter à distance l’avis d’un ou de plusieurs confrères, en raison de ses compétences. Ces deux actes de télémédecine ont toute leur place dans l’aide au sevrage tabagique, puisqu’ils permettent aux patients les plus isolés d’accéder à un médecin spécialiste (tabacologue ou addictologue) et au médecin traitant – par exemple – de demander conseil à son confrère tout en étant rémunéré pour cet acte.
La téléconsultation permet aux patients de bénéficier d’une prescription pour ses substituts nicotiniques, désormais remboursés sans limite annuelle par l’Assurance Maladie. Cette possibilité peut faire toute la différence puisqu’elle augmente les chances de réussite de 50 à 70 %.
Depuis 2016, en plus des médecins, les sages-femmes, les chirurgiens-dentistes, les infirmiers et les masseur-kinésithérapeutes ont le droit de prescrire des substituts nicotiniques. Les officines peuvent aussi pratiquer la dispense d’avance de frais pour ces produits, afin de faciliter leur accès au plus grand nombre.
Profitez du mois sans tabac pour inciter les patients
Le 1er novembre, démarrait le « Mois sans tabac », qui permet aux fumeurs de bénéficier d’un kit d’arrêt, d’entraide communautaire et d’un suivi avec un tabacologue via Tabac info service. En complément ou à la suite de cet accompagnement, proposer aux patients des téléconsultations permet d’assurer non seulement la prescription initiale de substitut nicotinique, mais aussi d’adapter les doses si nécessaire pour l’aider dans cette phase de transition.
Si cette initiative nationale multiplie par 5 les chances d’arrêter définitivement la consommation de tabac, elle nécessite aussi un suivi en présentiel ou en téléconsultation, pour que l’ancien fumeur puisse rester abstinent et garder sa motivation.
En savoir plus :
– Mois sans tabac : https://mois-sans-tabac.tabac-info-service.fr/
– Tabac info service : https://www.tabac-info-service.fr/
Psychiatre-addictologue, diplômée en victimologie. Après des études à l’université de Besançon, Claire se passionne pour les nouvelles technologies et se lance dans la télémédecine et le journalisme médical en 2015. Elle collabore avec Medaviz depuis ses premiers pas.
Vous pouvez retrouver la déclaration des liens d’intérêts de l’auteur du texte ici.