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La téléconsultation n’est pas un bien de consommation !

téléconsultation santé publique

Rarement l’urgence d’une solution digitale ne s’est révélée aussi nécessaire qu’aujourd’hui. Pourtant, de ses discrets débuts à son avènement espéré dès son remboursement par l’Assurance Maladie en septembre 2018, la téléconsultation a finalement prouvé son utilité sociale à l’aune de la crise sanitaire du Covid-19 ; épidémie que l’OMS a placé au rang de pandémie dès le 11 mars dernier.

 

La lutte contre cette pandémie a mobilisé, en France comme ailleurs, tous les acteurs du monde de la santé : soignants, patients, services publics et privés mais également acteurs de la télémédecine.

 

Alors que certains patients ont reporté ou annulé leurs rendez-vous médicaux, de nombreux cabinets se sont emparés de la télémédecine durant toute la période du confinement pour maintenir le lien avec leurs patients et la qualité du parcours de soins. Objectif : éviter la désertion des patients inquiets et l’aggravation de certaines maladies chroniques notamment.

 

De l’utilité sociale de la téléconsultation en temps de crise

La téléconsultation a donc contribué à l’effort national en permettant de contenir la propagation du virus grâce à la possibilité de mettre en relation, et à distance, des patients, infectés ou non par le Covid-19, et des professionnels de santé. Un boom des téléconsultations a ainsi été observé durant toute la période du confinement et se traduit notamment par l’augmentation du nombre d’inscriptions de nouveaux médecins à des solutions de téléconsultation.

 

Loin d’être une solution miracle, qui aurait permis à elle seule de contenir l’épidémie, la téléconsultation est indéniablement une solution d’avenir qui n’est pas uniquement réservée à un temps de crise. L’exception est devenue la règle et le rendez-vous en présentiel n’a souvent été maintenu qu’en cas d’absolue nécessité.

 

A circonstances exceptionnelles, réponse exceptionnelle ! Aussi, les deux décrets parus au Journal Officiel les 10 et 20 mars 2020, ont assuré une prise en charge à 100 % des actes de téléconsultation jusqu’au 31 mai. Ces mesures étaient justes et nécessaires ; c’est ce que démontre d’ailleurs le million d’actes à distance effectué la première semaine d’avril : chiffre révélé par Nicolas Revel, le Directeur général de l’Assurance Maladie. Il explique également que 85 % des téléconsultations ont été réalisées entre un médecin traitant et son patient, donc dans le cadre du parcours de soins. Selon un communiqué de l’Assurance Maladie datant du 27 avril 2020, la télémédecine a également limité la baisse d’activité des médecins généralistes à 30 %, contre 40 % en l’absence de la téléconsultation. Elle a ainsi permis d’assurer la continuité des soins, socle de notre système de santé.

 

L’implication de tous assurant un retour progressif à la normale, il est temps de s’interroger sur l’usage de la téléconsultation aujourd’hui.

 

Pour une téléconsultation qui reste à l’initiative du médecin traitant

Oui, l’ouverture de la téléconsultation à tous sans restriction s’est imposée en temps de crise. Oui, cette mesure a révélé son efficacité et son utilité sociale. Oui, cette disposition temporaire doit être levée le 31 mai conformément aux décrets, ou à la fin de la crise sanitaire.

 

Mais, notre modèle social est fondé sur un parcours de soins piloté par les médecins traitants qui assurent le suivi régulier de leurs patients. La téléconsultation ne doit pas devenir un simple bien de consommation.

 

Près de 500 CPTS (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé) sont actuellement déployées par les ARS (Agences Régionales de Santé) pour intégrer au parcours de soin les 5,4 millions de Français n’ayant pas de médecin traitant. Ce programme national n’aurait plus d’écho, plus de sens, s’il était confronté à l’achat généralisé de rendez-vous médicaux en ligne sans lien avec son médecin traitant. Il copierait de facto le modèle anglo-saxon, alors que le consumérisme médical est contraire à l’essence même de la philosophie française du soin.

 

Sans porter aucun jugement de valeur sur un système propre à d’autres normes sociales, il est essentiel de rappeler que le modèle français est le fruit des ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 ayant créé l’Assurance Maladie et précisant que : “La Sécurité Sociale (…) garantit à chacun qu’en toutes circonstances, il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes.” Ce texte fondateur illustre à lui seul la valeur de l’État-providence. Il fait vivre, dès lors, le cercle vertueux de l’accessibilité à la ressource médicale, du parcours de soins et du reste à charge zéro.

 

Souffrant encore de nombreux a priori avant la crise sanitaire, la téléconsultation semble finalement prendre place dans l’offre de soins médicaux. Le temps semble donc venu de l’intégrer véritablement dans le parcours de soins de chaque patient, en veillant à ne pas la dénaturer. Le cadre dérogatoire était spécifique au temps de crise. Il n’a pas vocation à devenir la norme et à perdurer !

 

Il revient donc aux acteurs de la santé de veiller à la pérennisation de la cohérence de notre modèle en ré-attribuant, dès la sortie de crise, l’acte de télémédecine à la seule initiative du médecin traitant.

 

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