Professionnel de santé ?

Diminuer le nombre de malades grâce au Sport Santé

L’activité physique et sportive est la grande cause nationale en France cette année, et l’engouement autour des jeux olympiques et paralympiques a montré l’intérêt des français pour le sport.

Le Sport Santé, c’est-à-dire l’ensemble des activités physiques et sportives qui génèrent du bien-être au pratiquant, a en effet le vent en poupe ! Alors comment diminuer le nombre de malades grâce à lui ? Le Pr François Carré, cardiologue au CHU de Rennes, nous livre son témoignage.

Prévention primaire : 30 minutes d’activité physique par jour

Le Sport Santé est une thérapeutique non médicamenteuse, validée depuis 2011. Toutes les sociétés savantes, que ce soit de rhumatologie, de cardiologie ou de neurologie, lui attribuent le plus haut niveau de recommandation, soit 1A, c’est-à-dire présentant le plus haut niveau de preuve. Malheureusement, nous les médecins, en particulier les médecins français, n’avons pas été formés à la prévention.

Or la prévention est indispensable parce que nous ne pourrons pas prendre en charge tous les malades à venir. Nous attendons un million de malades chroniques supplémentaires entre 2020 et 2025.

Les recommandations du Sport Santé sont très simples : 30 minutes d’activité physique modérée par jour (qui peuvent être fractionnées pour les adultes).

Le niveau d’intensité correspond à un essoufflement léger : la personne peut parler mais pas chanter (monter un escalier, porter des sacs de courses…).

Les enfants sont la cible prioritaire : pour eux, c’est une heure d’activité physique qui est recommandée chaque jour. Malheureusement, de plus en plus de jeunes de moins de 18 ans présentent du diabète de type 2, qui est normalement une maladie d’homme de 50 ans !

Soigner par le Sport Santé

Au-delà de la prévention primaire, il faut systématiquement associer l’activité physique au traitement curatif car celui-ci atteint ses limites. Il s’agit de la prévention dite tertiaire. Dans le cas d’une maladie chronique, une activité physique adaptée (APA) à visée thérapeutique doit être prescrite. Ne pas le faire est véritablement “une perte de chance pour le malade” comme l’a souligné un rapport de l’Inserm en 2019.

Un programme structuré est alors établi en collaboration avec des professionnels du Sport Santé : les masseurskinésithérapeutes ou les enseignants à l’activité physique adaptée, qui vont évaluer le patient pour lui proposer un programme adapté.

Quelques exemples de l’efficacité du Sport Santé tirés de diverses spécialités

Dans le cas d’un cancer du sein, on observe 30 à 35 % de mortalité en moins quand on associe activité physique à son  traitement habituel et 40 % de moins de récidive lorsque l’on est en rémission.

Autre exemple en cardiologie : les personnes qui ont été dilatées pour un syndrome coronaire aigu et qui continuent à faire de l’activité physique ensuite ont 25 % de chance en moins de faire une récidive d’infarctus, 30 % de risque de mortalité cardiaque en moins et 40 % de mortalité globale en moins par rapport à celles qui ne poursuivent pas l’activité physique.

Bien que reconnue comme une thérapeutique validée, l’activité physique adaptée n’est pas encore remboursée par l’Assurance Maladie, même pour des patients pris en charge à 100 %. De ce fait, certains patients ne croient pas à son efficacité malheureusement. Certaines mutuelles proposent une prise en charge partielle cependant.

Les conseils pratiques du Pr François Carré pour prescrire du sport sur ordonnance

Tout d’abord, il faut donner envie au patient car il va devoir pratiquer cette activité physique adaptée (APA) à vie, au risque d’en perdre les bénéfices s’il l’arrête, comme pour un médicament. D’ailleurs, j’insiste sur le fait que, s’il pratique régulièrement, je pourrai peut-être lui en diminuer certains. Je l’oriente donc vers quelque chose qui lui plaît, par exemple le sport qu’il pratiquait étant jeune.

Dès que le patient a dit oui, il faut l’envoyer tout de suite vers les clubs adaptés car si j’attends la prochaine consultation, il risque d’avoir perdu sa motivation. L’idéal est que le club soit proche de son domicile car, au-delà de 10 ou 15 minutes, je sais d’expérience qu’il ne s’y rendra pas. Un maillage serré de clubs labellisés Sport Santé est ainsi nécessaire.

La prescription doit :

  • être écrite car elle entraîne 50 % d’observance en plus que de simples conseils oraux,
  • commencer par l’activité physique et sportive en haut de l’ordonnance, avant même les médicaments pour montrer au patient où se situe la priorité.

Il faut préciser la fréquence des séances d’activité physique adaptée recommandées, mais également leur intensité, leur durée, leur suivi et leur type (cardio, renforcement musculaire, assouplissement, coordination, etc.).

La prescription d’activité physique se structure en quatre niveaux, adaptés selon la condition et l’autonomie du patient :

  • niveau 1 : rééducation/réadaptation (soins kinés), suite à une maladie ou blessure,
  • niveau 2 : activités physiques adaptées spécifiques, encadrées par des professionnels de l’APA,
  • niveau 3 : activités encadrées, telles que le vélo en groupe ou des cours collectifs de fitness, nécessitant une certaine supervision,
  • niveau 4 : activités physiques en autonomie, comme la course à pied, la randonnée, ou le vélo.

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