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Campagne de vaccination, quelle place pour la téléconsultation ?

3 questions au Dr Kristell Guével-Delarue

Médecin adjoint au médecin responsable du Territoire 8 (Paris Centre, 9e et 10e).

Le début de l’année 2021 a été marqué par un débat public passionné concernant la campagne de vaccination contre la Covid-19. En réponse aux craintes ou aux doutes exprimés par certains face à ces nouveaux types de vaccins – les ARN Messagers – Medaviz a souhaité donner la parole au Dr Kristell Guevel-Delarue, médecin généraliste exerçant en PMI à Paris, qui est également diplômée d’un diplôme interuniversitaire de vaccinologie et prévention des maladies infectieuses des universités Paris Sorbonne et Lyon. Une manière, pour Medaviz, de prendre de la hauteur et d’éclairer les Français sur l’utilité de la vaccination, le rôle des généralistes dans une logique de vaccination de proximité, ainsi que la place de la téléconsultation en amont et en aval de la vaccination, pour dissiper les incompréhensions. 

1. Dr Kristell Guevel-Delarue, faut-il se méfier des  vaccins ARN messager ?

Comme tout nouveau médicament, il y a évidemment des risques mais ces derniers sont maîtrisés. Des études de phase 1, 2 et 3 ont été menées avec de nombreux volontaires. Je fais confiance à ces études scientifiques qui ont été très bien réalisées. Rappelons que le développement et la mise sur le marché des vaccins contre la COVID-19 sont soumis à des exigences scientifiques et réglementaires qui permettent de garantir au mieux la qualité, la sécurité et l’efficacité de leur utilisation comme le rappelle l’ANSM sur son site (l’Agence Nationale de la Sécurité du médicament et des produits de santé). La vaccinovigilance a toujours été une réalité en France et vise à détecter, évaluer, comprendre, prévenir et faire remonter les effets indésirables ou autres questions concernant les vaccins et la vaccination. Si des effets indésirables inattendus sont constatés, ils doivent être aussitôt déclarés par les médecins ou les patients sur le site de l’ANSM.

Toutes les études et la vaccinovigilance nous indiquent que les effets secondaires graves surviennent dans les 6 semaines qui suivent la vaccination et une observation à 6 mois dissipe tous les doutes. Les effets constatés jusqu’à présent sont relativement bénins : fièvre, douleurs locales au point d’injection, céphalées. Les chocs anaphylactiques sont néanmoins plus fréquents qu’avec les autres vaccins (avec celui de Pfizer on serait entre 1/50 000 et 1/100 000 contre 1/500 000). Des précautions d’emploi doivent être mises en place pour les patients ayant un antécédent de choc anaphylactique. Ils devront être vaccinés après avis de leur médecin avec le matériel nécessaire pour gérer la survenue d’un choc anaphylactique et avec une surveillance d’au moins 30 min après vaccination. Tous les accidents survenus ont été sans conséquences. La véritable contre indication concerne les personnes allergiques à un composant du vaccin. Le vaccin est également actuellement contre-indiqué chez la femme enceinte et alllaitante par mesure de précaution du fait du manque de données disponibles. 23 grossesses inopinées pour Pfizer et 13 pour Moderna, sans conséquences, sont survenues pendant les phases d’étude. Enfin, le vaccin ne doit pas être utilisé en cas d’infection aiguë.

2. Quel rôle peuvent jouer les médecins généralistes pour accélérer la campagne de vaccination ?

Dès le départ, au lancement de la campagne de vaccination contre la Covid-19, le rôle des généralistes a été évoqué : les mettre à contribution pour ne pas refaire la même erreur que lors de la campagne de vaccination H1N1 qui avait vu la mise à l’écart des médecins libéraux.

Le pilotage de la campagne est géré par les ARS, région par région dans une logique de vaccination de proximité car le véritable sujet est bien la confiance dans le vaccin et le professionnel de santé chargé de l’administrer. Plus on est dans une logique de proximité, plus le processus de vaccination est bien accepté. 

Il est donc préférable de se faire vacciner dans des cabinets plutôt que dans des gymnases. J’y vois un double intérêt : la confiance, car le médecin généraliste est proche de son patient, mais également le respect des gestes barrières car cela permet d’éviter les regroupements. Il semble pourtant qu’on se dirige vers une campagne de vaccination mixte, du fait, notamment, de problématiques logistiques : dans les cabinets mais également les centres de vaccination en sollicitant les professionnels de santé. 

La question du nombre de doses par vaccin demande en effet une certaine organisation pour les généralistes : il faut pouvoir planifier ses rendez-vous en conséquence. Il y a donc des avantages mais également des limites, du fait également du mode de conservation de ces vaccins. Cela sera certainement plus simple avec les vaccins Moderna et AstraZeneca. n     

3. Comment la téléconsultation peut-elle être utile quand on parle vaccination ?

La téléconsultation peut être utile en amont et en aval de la vaccination. Désormais, consentement et vaccination peuvent se faire dans un même temps. La préconsultation peut servir à informer le patient des contre-indications, des effets secondaires potentiels, etc.

La téléconsultation sert également dans une phase de surveillance des effets secondaires et permet d’anticiper les inquiétudes des patients en amont. Ayant une meilleure connaissance des effets secondaires potentiels, ils seront moins inquiets s’ils surviennent et donc plus sereins.

Si les effets secondaires constatés sont inattendus, qu’ils soient graves ou non, le médecin organisera la prise en charge de son patient et fera ensuite une déclaration à l’ANSM en ligne. La procédure de remontée de l’information a été simplifiée depuis une dizaine d’années.

Nous disposons d’informations claires et pertinentes. L’ensemble du processus est transparent. Et, soulignons qu’un vaccin – ou tout autre médicament – qui ne présente aucun risque n’aura de fait aucun effet positif. C’est le principe même de toute thérapeutique.

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