Depuis que la possibilité de télémédecine a été introduite dans la loi HPST (Hôpital, Patients, Santé et Territoires) en 2009, elle a donné lieu à de multiples déclinaisons opérationnelles. La plus connue aujourd’hui est la pratique de la téléconsultation entre un médecin et ses patients, acte de vidéoconsultation entré dans le droit commun en septembre 2018 et sérieusement boosté par la pandémie de Covid et ses confinements à répétition.
Mais entre 2009 et 2018, de très nombreux déploiements pilotes ont eu lieu pour déployer la téléconsultation à titre expérimental (les uns sous Article 51, les autres sous appels à projets des diverses Agences Régionales de Santé). Ces expérimentations “pré-conventionnelles” – souvent inter-établissements – ont généralement eu pour point commun de faire appel à des dispositifs de télémédecine connectés, afin de rapprocher le plus possible l’acte médical d’une consultation traditionnelle. En parallèle de la visio, le médecin était alors en mesure de prendre directement les constantes vitales du patient, d’explorer un conduit auditif ou encore ausculter un cœur ou un poumon.
C’est encore cette intention de rendre l’acte de téléconsultation le plus proche possible de l’examen présentiel qui a conduit au développement de cabines ou chariots de téléconsultation équipés d’outils de mesures de constantes dans des territoires sous dotés, en s’installant dans des locaux de collectivités territoriales ou dans des officines par exemple. A contrario de la téléconsultation légère dont l’usage a massivement investi la pratique individuelle des médecins avec leur patientèle depuis 2020, ces déploiements de chariots ou cabines ont multiplié les revers, sans jamais atteindre ni le succès d’usage ni le consensus quant à leur pertinence.
Une lourdeur de mise en œuvre à l’épreuve de la pratique et des usagers
Le premier écueil rencontré par ces déploiements de dispositifs connectés de télémédecine en cabines tient dans la lourdeur de leur mise en œuvre.
Financière tout d’abord : les premières cabines ou chariots de téléconsultation pouvaient dépasser les cent mille euros, et il faut encore aujourd’hui compter plus de dix mille euros pour une valise ou un chariot de base. Cela ne pouvait que freiner les ardeurs à déployer ces dispositifs de manière massive et cela a plutôt conduit à un déploiement extrêmement centralisé : une cabine dans telle ou telle antenne déportée d’un centre hospitalier, un chariot dans un ou deux EHPAD particulièrement éloignés, etc. Difficile d’imaginer un effet significatif lorsque l’on met cela en perspective face au problème de l’accès aux soins sur les territoires. Et les équipes de soins libérales locales, ESP, MSP (Équipes de Soins Primaires, Maisons de Santé Pluriprofessionnelles) restent encore largement à l’écart de ces dispositifs, alors qu’elles prennent en charge une grosse part de l’effort de première ligne.
Mais la lourdeur s’est aussi exprimée dans la mise en œuvre : ces cabines ou chariots présentent une complexité qui a rebuté certains usagers. Depuis les médecins pas toujours formés à l’exercice et redoutant l’erreur, jusqu’aux patients intimidés à l’idée même de se soumettre à la machine, en passant par les infirmiers placés devant la complexité de manipulation, il est difficile d’imaginer un succès d’appropriation et d’échelle. Et bien souvent, même les déploiements cités en exemple n’avaient guère plus de quelques dizaines d’actes au compteur après 2 ans d’exploitation.
Dispositif de télémédecine : vers des déploiements décentralisés et démultipliés à l’échelle d’équipes de soins
Ces derniers mois, un certain nombre de progrès sont venus donner une nouvelle perspective à la mise en place de projets de télémédecine sur les territoires :
Progrès du côté des organisations territoriales de santé, qui ont désormais derrière elles le marathon administratif de leur conventionnement interprofessionnel, ainsi que la longue mise en place des premières missions et commissions.
Progrès enfin du côté des équipementiers et éditeurs, qui ont su miniaturiser les ex cabines ou valises de téléconsultation en kits compacts regroupant les essentiels pour une téléconsultation augmentée (stéthoscope, otoscope, tensiomètre, oxymètre, thermomètre, cardiofréquencemètre), à l’image du kit doc2u intégré dans Medaviz Territoires :
La télémédecine du quotidien
La compacité de ce type de kit est allée de pair avec un ajustement des prix, à des niveaux qui permettent aujourd’hui d’envisager des déploiements d’envergure (par dizaines ou centaines) plutôt que restreints à un ou quelques sites.
Autant d’éléments qui stimulent le déploiement de projets de télémédecine d’un nouveau genre sur les territoires : des déploiements démultipliés, décentralisés, et décomplexés ; des déploiements à l’échelle d’équipes de soins (ESP, MSP, CPTS) plutôt que centralisés. Des déploiements qui viennent à consacrer un outil du quotidien plutôt qu’un outil d’usage (trop) exceptionnel.
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Senior Medical Advisor @ Medaviz | Télémédecine et Soins Non Programmés