Gérer son temps entre vie professionnelle et vie privée tout en réalisant ses objectifs, alors que les journées ne durent que 24h, c’est l’enjeu pour lequel Anne-Julie Brien-Pelé, coach et préparatrice mentale est sollicitée au quotidien.
Jeudi 30 juin, l’experte qui accompagne des sportifs de haut niveau depuis 20 ans, participait au Medaviz Live dédié au gain de temps et dévoilait les clés pour passer de la simple gestion du temps à la personnalisation du temps, une méthode permettant à chacun “d’être bien”.
Qu’est-ce que le temps objectif ?
Anne-Julie Briend-Pelé : Il existe une double nature du temps, le temps objectif et le temps subjectif. Dans le temps objectif, vous allez retrouver un moment, comme un récipient. Nous avons tous le même et nous ne pouvons pas le modifier. 24 heures dans une journée, ce sont 24 heures pour tout le monde. Et que nous mettions beaucoup de choses ou rien dedans, le récipient est toujours là. Cela veut dire que l’offre de temps n’est pas extensible, que plus nous passons de temps à faire quelque chose, plus cela prend du temps sur le reste. Il faut par conséquent remplir ce récipient en se demandant comment le remplir efficacement et en prenant du plaisir dans ce que l’on fait. C’est le temps objectif décrit par Newton.
Alors, qu’est-ce que le temps subjectif ?
Anne-Julie Briend-Pelé : Le temps subjectif est composé de deux éléments :
- Le temps prospectif, celui pendant lequel vous avez l’impression d’être en attente, qu’il ne se passe rien, que tout semble très lent. Vos patients en salle d’attente vont trouver que le temps est très long, surtout s’ils ont un problème et qu’ils ont envie d’avoir une solution. Au même moment, vous êtes en consultation et pour vous le temps s’écoule vite car vous allez devoir passer d’un patient à un autre. Chacun a donc une perception du temps différente, que l’on soit dans le cabinet ou dans la salle d’attente.
- Le temps rétrospectif correspond au moment où nous commençons à réfléchir au temps écoulé. Des études démontrent que les temps où il ne s’est rien passé ne vont pas être retenus par la mémoire, alors que les temps que nous avons vraiment occupés par des activités qui avaient du sens pour nous restent dans notre mémoire et nous paraissent longs.
Vous évoquez des leviers pour “personnaliser son temps” et gagner en satisfaction, quels sont-ils ?
Anne-Julie Briend-Pelé : Toujours d’après des études et des recherches scientifiques, de psychologie positive notamment, il est démontré que plus vous allez faire ce que vous aimez, plus vous avez un sentiment de satisfaction et de maîtrise de temps. Plus vous évoluez de manière contrainte, plus vous avez l’impression de gaspiller votre temps, de le subir. Faire quelque chose que l’on aime est donc essentiel, sachant que le quotidien ne nous permet pas de faire uniquement ce que l’on aime. Il faut trouver un équilibre entre : ”ce que j’aime faire et ce que je dois faire”. Lorsque vous avez un équilibre, même si vous n’aimez pas certaines choses, vous savez qu’à côté il y a des bons moments. Lorsque vous vivez uniquement des choses que vous n’aimez pas, vous êtes en déséquilibre et la situation devient difficile. Votre satisfaction de vie diminue et par conséquent, votre qualité de vie.
Il est aussi important de prendre soin de soi, de prendre conscience de son état réel. C’est un outil que j’utilise beaucoup avec les sportifs au début d’une séance de préparation mentale. Je leur propose d’évaluer leur état physique entre 0 et 10. Cette échelle s’applique aussi sur le plan mental, avec 10 lorsque vous êtes pleinement présent(e) dans l’instant et 0 lorsque vous avez beaucoup de choses en tête. Même si vous n’avez que peu de ressources, pensez à vous demander ce que vous pouvez faire et priorisez les actions dont vous avez besoin pour améliorer votre situation dans la journée. Vous reprenez le contrôle sur la gestion du temps. Plus vous serez précis(e), plus vous visualiserez, plus vous aurez de chances d’atteindre vos objectifs, comme les sportifs. Commencez toujours par regarder ce que vous avez déjà, pour éviter les biais de négativité : “je n’ai pas pas ça, il me manque ceci, etc.”, puis faîtes un bilan le soir.
La notion de prendre du plaisir est tout aussi importante. Lorsque vous réalisez votre auto-évaluation, pensez à ce qui compte pour vous et ce qui est important dans vos relations aux autres. Remettre du sens vous permet de savoir qui vous êtes et ce que vous voulez faire.
Il y a enfin le pilier de la pleine conscience ou comment être pleinement dans le présent, donc efficace dans ce que l’on fait, pour aller au bout d’une tâche. Il ne faut pas hésiter à construire sa journée avec des micros-objectifs, voire des pauses. Pour rester dans l’efficacité, il faut être monotâche. Des études ont montré qu’être sollicité(e) par des notifications alors que l’on travaille sur un projet, peut entraîner une perte de concentration jusqu’à 20mn, que l’on réponde ou non. Mettre tous ses outils en mode avion permet de se concentrer et d’être plus efficace, donc de gagner en satisfaction.
Pouvez-vous nous parler des objectifs SMART ?
Anne-Julie Briend-Pelé : Beaucoup d’études traitent de la gestion du temps, mais peu s’intéressent à la perception du temps, le sujet que j’évoque avec vous. En matière de gestion du temps, la méthode SMART (Spécifique, Mesurable, Acceptable, Réaliste, Temporellement défini), permet de structurer la gestion du temps en fonction des objectifs.
En psychologie positive, nous ajoutons un élément qui part de nous : “Est-ce que les buts que je me suis fixés sont en lien avec ce que je veux au plus profond de moi ?”.
Vous pouvez utiliser la question suivante : “Pourquoi je veux/dois faire ça ?”
1- Parce ce que tout le monde me le demande,
2- Parce que je me sentirais honteux(se) ou coupable de ne pas le faire,
3- Parce qu’il est important pour moi de le faire,
4- Parce que j’éprouve du plaisir ou une stimulation à le faire.
Plus vous serez dans les réponses 3 et 4, plus vous aurez de ressources à utiliser, plus vous serez satisfait(e) et gagnerez en qualité de vie.
Comment réussir sa personnalisation du temps ?
Anne-Julie Briend-Pelé : Il faut apprendre à vous gérer vous-même plutôt qu’à gérer votre temps, c’est-à-dire aligner ce qui est important pour vous avec ce qui est urgent.
Quand un sujet est important et urgent pour vous, faîtes-le, bien que vous ne deviez pas toujours être débordé(e). Quand c’est sans importance pour vous mais urgent, apprenez à déléguer. Trouvez la bonne personne, celle qui prendra plaisir à réaliser cette tâche. Un bon travail d’équipe, c’est aussi identifier les forces et les envies de chacun.
Enfin, lorsque c’est sans importance et non urgent, il y a un tri à faire. Il faut éliminer, trier, faire du vide. C’est ce qui va vous apporter bien-être et efficacité.
Avez-vous un dernier conseil à partager ?
Anne-Julie Briend-Pelé : Il est important de prendre du temps pour soi et j’ai en tête l’image de l’avion, lorsqu’on met le masque à oxygène avant d’aider les autres. Très souvent, on s’oublie. Ne soyez pas coupables, ne pensez pas que vous êtes égoïstes quand vous pensez à vous et que vous prenez du temps pour vous. Ce temps va vous permettre de vous ressourcer et le temps que vous allez pouvoir réinvestir auprès de vos proches sera de bien meilleure qualité.
Directrice communication et affaires publiques & entraîneur sportif. Après un Master II en Géopolitique des enjeux frontaliers, Emilie oriente son parcours vers la communication institutionnelle et le marketing. Experte en stratégie et gestion de crises, elle rejoint Medaviz en 2019.